Toto et Spirou

Les origines

 

L'excellent livre de Christelle et Bernard Pissavy-Yvernault "La véritable histoire de Spirou" vous dit tout sur les origines du journal et du personnage de Spirou. 

 

Tout ? Pas tout à fait.

 

Le 15 mars 1937, soit un peu plus d'un an avant Spirou, nait en France un hebdomadaire pour la jeunesse intitulé "Le journal de Toto".

Sa une est occupée par "Les aventures de Toto", dessinées et scénarisées par un certain Rob-Vel. Ce même Rob-Vel qui créera et animera en une du journal le personnage de Spirou !

 

Ce n'est pas la seule similitude entre les deux journaux.

 

Voici un petit comparatif entre le n°88 de 1938 du "journal de Toto" et le n°1 de la même année du "journal de Spirou".

 

Le journal de Toto n°88 de 1938

Taille 285x390  - 8 pages - Mixte C et N&B

60 centimes d'anciens francs français soient 0,33 euros actuels

Le journal de Spirou

n°1 de 1938

Taille 28 × 40 cm - 16 pages - Mixte C et N&B

85 centimes belges soient ?? euros actuels

Similitudes

 

p 1

p 1

Forme de titre identique : "le journal de" en italique suivi du nom du héros

 

Format papier identique

 

Le héros du journal est en première page. Il est dessiné par Rob-Vel

 

La une est en couleur

   p 4

p 5

Une bande dessinée américaine commune "Dick Tracy".

p 7

"Bill l'albatros". Cette BD américaine présente dans Toto apparait dans Spirou au n° 27 de 1938

 Les pages de jeu sont certe différentes mais présentes dans les deux journaux.

Notons l'existence (à gauche) d'un "Club de Toto" qui préfigure le futur "Club des ADS" (Amis De Spirou). "Le fureteur vous dira" (à droite), rédigée par Jean Doisy, portera ce mouvement dont les premières mentions apparaissent dès le n°8 de 1938.

Un grand roman d'aventure de Georges Fronval est publié à partir du n°37 de 1937 dans le journal de Toto.

Ce même Georges Fronval apparait dès le n°17 de 1938 et sera réguliérement publié dans Spirou jusqu'en 1940

 

 

"Le journal de Toto" de 1937 parait vraiment avoir été le modèle du jeune "Journal de Spirou" lancé en 1938.

 

Pour les autres pages on ne retrouve pas de telles similitudes.

 

Et c'est sans doute heureux !

 

En effet, "Le journal de Toto" n'a pas survécu à la guerre ; sa diffusion s'est arrêtée en juin 1940. "Le journal de Spirou" lui, est toujours présent.

 

Jean Dupuis a créé un journal pour les jeunes belges, qui n'avaient alors accès qu'aux productions étrangères.

Ce qui explique , dans Spirou et jusqu'en 1946, la présence de nombreuses pages spécifiques à la Belgique comme cette page dédiée à la famille royale, cette autre page de photos ou encore ces deux pages sur le barde Aloel.

 

p3     p13

  p10  p16

 

 

Là où Toto propose une petite demi page, le riche rédactionnel de Spirou marque également la différence

Toto

Spirou

 

Examinons enfin les autres bandes dessinées.

 

Le numéro 1 de 1938 du "Journal de Toto" propose "Saturne contre la terre" et "La galère aux voiles d'argent" ( Giovanni Scolari (La galea dalle vele d’argento  source Robert B.), deux BD d'origine italienne, et une BD anglo saxonne "IRMA Héroine n°1" ("Myra North" de Charles Coll source Robert B).

Si le numéro 1 de Spirou propose deux pages américaines ; "Ramenez les vivants" et "Tex le cow boy", il nous offre également une autre création de Rob-Vel : "Bibor et Tribar".

 

Toto

Spirou

 

En 1938, faute de dessinateurs belges pouvant fournir de nouvelles séries, seul figure dans ce premier numéro le belge Fernand Dineur avec sa création, "Tif et Tondu".

 

Cette page préfigure ce qui fera le succès de l'hebdomadaire, c'est à dire le développement d'une prestigieuse école belge de créateurs de Bandes Dessinées dont on peut dire que Dineur fut le premier jalon.

 

 

 

Le journal de Spirou à ses débuts est donc la copie d'une formule déjà éprouvée en France "le journal de Toto" et la volonté de se démarquer  .....

 

.... volonté de se démarquer par la qualité de son rédactionnel, la proximité avec son lectorat et le développement d'une école belge de la bande dessinée .

 

 

Voilà sans doute les trois points clé du succès de cet hebdomadaire belge que, à l'origine, bien peu de chose différenciaient de ses concurrents français.